Le jour où j'ai rencontré Anna Polina

Publié le par GeeKonTunes

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Lundi 30 mai 2011 il est 17h30. Je range mes affaires, relis mes questions. Je dois les connaître sur le bout des doigts. Mon exemplaire de Dorcel Magazine fait également partie de tout le packaging que j’emporte avec moi.

Je parviens à attraper le métro direction la société Dorcel. Il est 17h50, j’arrive sur place. Je vérifie mon iPod. Allez, on met du Kavinsky, Night Call, histoire de décompresser. Un bonjour chaleureux à l’employé qui fume sa cigarette dehors. Je suis dans le hall d’entrée. Point de surprise comme la dernière fois, ça fait déjà trois fois que je viens chez eux. Une jeune femme à l’accueil, souriante et accueillante, m’annonce auprès d’Adeline, l’attachée de presse. Je patiente gentiment sur les sièges bleus. Petit souci, j’ai l’impression d’être Ross dans son pantalon de cuir… Le moindre geste et le siège crie de douleur. OK j’ai compris. Je ne bouge plus. Je ressors mes questions. Je répète, place bien le ton sur certains mots. Tout doit être parfait. Je me connais, je vais la voir, être impressionné et bafouillé.

 

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Adeline arrive avec le sourire. On discute tranquillement, on parle des actualités et nous voilà à la machine à café. Au passage, petit salut à Marie-Laurence du bureau de presse, à Laurent et à Ernest. Chez Dorcel, on sait recevoir et avec le sourire. Café en main, je parle avec elle de l’entretien, lui demande si des sujets personnels sont à éviter etc.… Dans le doute, je préfère lui montrer mes questions. Tout est OK. En attendant Anna, Adeline me donne une clé USB à l’effigie de la société, sorte de bible numérique, comportant toutes les informations dont je vais avoir besoin.

18h04 du bruit retentit dans les escaliers. Anna apparaît délicatement. Bon OK, je vous le dis tout de suite, Anna est tout simplement d’une beauté incroyable. Sourire aux lèvres, la bise et c’est partie pour l’entretien dans un petit coin calme et tranquille.

 

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Avant toute chose je commence par lui offrir un petit présent. Il s’agit d’un CD de musique de tarentelle. Je lui fais partager mon amour pour ce genre de musique qui était chantée, à l’époque, pour guérir les morsures de la tarentule. Elle a l’air, visiblement, très contente, l’entretien peut débuter.

Je fais une petite parenthèse. Au moment où vous lirez ces lignes, je suis chez moi face à ma feuille de notes. Mes yeux sur ma playlist, je suis à la recherche d’un morceau qui pourrait accompagner cette retranscription. OK j’ai trouvé. Ne changeons pas une équipe qui gagne. Je pars sur du bon Gun’s N Roses avec Paradise City car il faut bien avouer que pendant près d’une heure, Anna m’a littéralement fait voyager dans une autre galaxie.

 

DORCEL

 

GOT : Anna, je n’ai pas rédigé un entretien classique, mais plutôt une forme d’abécédaire. J’ai pris deux mots (Dorcel et Anna) auxquels j’ai attribué un mot à chaque lettre, libre à vous de répondre ou non.

 

Anna : OK, mais tu sais, tu peux me tutoyer…

 

GOT : OK ça marche (je n’aurais jamais pensé dire cela un jour. Là je raccourcis, mais je ne fais pas le malin sur le moment).

Commençons par le D. D comme début. Tu as fait un double cursus de lettres et de droit, puis le cours Florent. Concrètement, comment en arrive-t-on au cinéma pornographique ?

 

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Anna : A la base, je n’étais pas très douée pour les petits boulots. J’ai fait un peu de strip et de photos de charme histoire d’arrondir mes fins de mois. Un jour, j’ai vu une émission, Paris Dernière, durant laquelle Melissa Lauren parlait de son métier. Je me suis tout de suite dit que c’est ce que je voulais désormais faire dans la vie. J’ai donc démarré par tourner une séquence sous la direction de John B Root. J’ai joué ensuite dans des films de Fabien Lafait. Par la suite, Hervé Bodilis m’a fait tourner dans Fuck V.I.P Luxury dans une scène lesbienne. Après j’ai fait Mademoiselle de Paris et Pornochic. Marc Dorcel m’a proposée ensuite un contrat d’exclusivité. Sinon, il ne faut pas se leurrer. Les acteurs et les actrices ne font pas du porno comme ça. C’est parce qu’ils ont une blessure intérieure ou émotionnelle forte qu’ils décident s’exprimer dans ce genre de films.

 

GOT : O comme oser. On le voit clairement dans tes films, il y a une réelle forme de domination. Tu oses provoquer la frontalité avec ton ou ta partenaire. C’est important pour toi la domination ?

 

Anna : Je suis contente que tu me parles de ça, parce que je n’arrête pas de me demander, à chaque fois que je tourne, si ce phénomène va se voir à l’écran ou pas. Oui, bien entendu, la domination est un élément important. C’est un rapport de force perpétuel. Attention, je ne suis pas une dominatrice loin de là. Je ne suis pas du genre à enchaîner les mecs et à leur marcher dessus avec mes talons (rires). Le cinéma pornographique est une affaire de domination que se soit au niveau de son corps ou du corps de l’autre. Je suis comme ça dans la vie de tous les jours. J’aime gérer les choses, avoir le contrôle des évènements.

 

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GOT : Cette domination passe essentiellement par le regard également. Hervé Bodilis a réussi à créer une réelle magie lorsque vous travaillez ensemble.

 

Anna : Oui. Tourner avec Hervé c’est vraiment différent. Il te met à l’aise, il crée cette confiance justement. Tu peux te préparer correctement, il instaure réellement un climat de confiance. C’est pour ça que toutes les filles aiment tourner avec lui. Du coup, quand tu travailles dans tes conditions comme celles-là, tu es maître de toi, de la mise en scène, des cadrages et l’aspect domination passe par tout ça aussi.

 

GOT : R comme refus. Bon, maintenant tu es chez Dorcel. Les scénarios sont étudiés à la lettre. Avant tu as dû tomber sur des trucs totalement en marge de maintenant. Un exemple ?

 

Anna : Oui bien sûr, mais le truc que je refuse maintenant c’est de tourner avec des amateurs. Je l’ai déjà fait deux, trois fois et je ne veux plus. Je n’ai rien contre eux, loin de là, mais la majeure partie du temps, ils pensent faire comme dans les films ce qui n’arrive jamais. Leur but principal c’est de baiser clairement, ce qui n’est pas du tout l’idée à la base.

 

GOT : C comme corps. Le corps est une notion essentielle au cinéma. Sans corps, il n’y aurait pas de film. Comment appréhendes-tu cette notion quant tu t’apprêtes à tourner un film ?

 

Anna : Dans le cinéma porno, il y a plusieurs aspects du corps. C’est tout d’abord un outil de travail. Avant chaque scène il y a un grand travail d’introspection à faire avec soi-même que nous expédions ensuite dans la scène. Le corps est un élément dans la mise en scène qui doit lui-même gérer les différentes intrusions corporelles. Le corps génère le cadrage, la position de la caméra.


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GOT : Puisque l’on parle du corps et de mise en scène, que penses-tu de la 3D ?

 

Anna : Dans le porno, la 3D est vraiment bien utilisée. Je ne sais pas, mais tu as dû voir des séquences de strip, tu vois bien comme le corps est mis en valeur et les effets sont assez surprenants alors qu’au cinéma, elle fait plus gadget qu’autre chose bon sauf pour Shrek 4. J’adore ce film et cet ogre (rires). 

 

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GOT : E comme Egérie. Ça fait quoi d’être une icône du X.

 

Anna : (réfléchit). Je ne me vois pas forcément comme une icône, mais disons que j’ai réussi à atteindre un statut que toutes les filles n’ont pas. Tu es encadrée, on te propose de bons films. Dernièrement, je suis allé au Festival de Cannes, j’ai fait pas mal d’entretiens divers et variés, j’ai monté les marches etc.… Tu deviens aussi le porte-parole d’une société et j’aime beaucoup partager avec les gens cette passion.

 

GOT : Pour en finir avec le premier mot, la lettre L. L comme littérature. J’ai cru comprendre que tu avais un amour certain pour la littérature. Penses-tu que les films X devraient inclure  plus de partie narrative un peu à la manière des productions de Digital Playground ?

 

Anna : J’adore la littérature, c’est toute ma vie… Je rêve d’un film qui mélangerait une pure narration avec des scènes hard, mais que ces dernières ne soit pas seulement le moteur du film. Je parle, bien entendu, de mon film ultime (rires). Sinon, je suis à 100% pour les productions de ce type, ça rajoute beaucoup plus d’ampleur et c’est vrai que ça manque un peu dans le cinéma porno français.

 

 

Petit intermède. Nous parlons des médias et de leur vision du porno. Desgonzo (Le Tag Parfait) avait raison. Anna a vraiment les plus beaux yeux du milieu. Je lui demande quels sont ses films favoris. Elle me cite, Orphée, Cocteau, Freaks, bref des paroles qui deviennent des symphonies. Reste concentré mec et l’on repart.

 

 

 

ANNA

 

 

GOT : On aborde le second mot. A comme Acteur. Ca veut dire quoi pour toi être acteur, actrice dans le cinéma porno ?

 

Anna : Il y a une distinction entre les deux. Ca rejoint ce que l’on disait tout à l’heure à propos des amateurs. J’ai tourné une scène récemment. Nous étions une quinzaine dans un 15 mètres carré. Le réalisateur parlait italien, l’actrice était tchèque. Bref, la scène a duré, en tout, 8h. Le mec devait bander pendant 8h. Il y a un engagement physique énorme pour les hommes, même au niveau des positions. Les éléments à gérer ne sont pas les mêmes.

 

GOT : Et pour les actrices ?

 

Anna : Pour les actrices, c’est un peu différent. C’est également quelque chose de physique, mais il y a beaucoup plus d’introspection notamment quand il s’agit de se préparer pour une DP (Double pénétration) ou une scène anale par exemple.

 

GOT : N comme numérique. Tu es plutôt Geek ou noob ?

 

Anna : Je suis plutôt de la seconde catégorie. Facebook ça va je gère. Quand il s’agit de mettre des musiques dans mon MP3 ça commence à être un peu plus dur (rires),  je ne te parle même pas de mon Blackberry (rires).

 

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GOT : Encore une fois, la lettre N, mais cette fois-ci pour nouvelle. (Son visage s’éclaire encore plus). J’ai entendu dire que tu écrivais des nouvelles, pas mal de textes. On a de la chance de voir, un jour, un de tes ouvrages ?

 

Anna : J’écris beaucoup. J’aime énormément de ce que fais Virginie Despentes, mais aussi Artaud, Sarah Kane. Je n’ai pas envie de sortir un énième livre du type confession d’une star du X. Le recueil me plaît aussi, mais par exemple, j’ai beaucoup moins aimé celui de Virginie Despentes quand il est sorti. Quand tu lis un livre tu es beaucoup plus dedans, tu es avec les personnages. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais j’y pense de plus en plus.

 

 

Petite pause puisqu’un homme arrive l’air de rien. Je le regarde bien et il s’agit de Marc Dorcel himself, le père fondateur de mes délires lubriques. Je me lève et lui sert la main (double dose d’émotion). Petite discussion post-cannes et tournages entre lui et Anna. Petite gorgée de café. On se refait un hands up et l’on y retourne.

 

 

GOT : Dernière lettre et pas des moindres car je suis certain qu’elle va te plaire. A comme Artaud. Je sais que tu es une inconditionnelle d’Artaud. Si je te propose un film à l’image de son univers, ça te dit ?

 

Anna : Mais complètement. Lui et Sarah Kane ont eu une grande importance pour moi. Sarah Kane connaissait tout le théâtre par cœur. Elle se servait de ces notions pour tout détruire et reconstruire. Mais c’est pareil pour Artaud. Grâce au phénomène de transcendance, je tente pas mal de chose, je me retrouve dans des situations un peu bizarres par moments mais bon (rires).

 

GOT : Dernière petite lettre bonus. X comme inconnue. Ton programme pour les prochains jours.

 

Anna : Je viens de terminer un film totalement dingue avec Tarra White dans lequel on se battait au milieu de tanks avec des avions de chasse et pas mal de trucs du genre. Sinon je vais enchaîner avec le film de Phil Holliday sur Paris prochainement.

 

 

La dernière lettre sonne le glas. Il est l’heure d’atterrir mon petit bonhomme. Anna se lève délicatement. Elle est juste plus grande que moi. On échange encore quelques derniers mots sur la littérature et sur Sarah Kane. Elle me conseille quelques ouvrages et je lui reparle du disque sur la tarantelle.

 

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Après une heure d’entretien, me voilà totalement comblé. J’aurais tellement d’autres questions et de notions dont j’aimerais débattre, mais ce n’est que partie remise. Quel bonheur d’avoir eut l’occasion de la rencontrer. Anna est d’une drôlerie, d’une gentillesse et d’une culture vraiment incroyable. Une rencontre vraiment superbe.

Je repars du 15ème l’esprit totalement léger. La musique redémarre. Le morceau de Kavinsky, Night Call redémarre. Il prend ici un sens tout particulier….

Je remercie tout particulièrement Adeline, le service de presse, sans qui cette rencontre n’aurait jamais pu avoir lieu et Anna bien entendu :)

 

Pour conclure, je citerai Sarah Kane tiré de sa pièce Anéantis : "Juste avant je me demande comment ça va être, et juste après je pense à la prochaine fois, mais pendant c'est merveilleux, je ne pense à rien d'autre"

 

Vous pouvez retrouver notre dossier consacré à Anna Polina en cliquant juste en dessous : 

 

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Ses différents films disponibles sur la plate-forme VOD, Dorcel Vision

 

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Publié dans Hot & Co

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S
je t'aime Anna et votre pays France
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