Exclu : Les castings de Katsuni - Ode au corps et au réel

Publié le par GeeKonTunes

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Dans le domaine du X, il est rare de voir des femmes derrière la caméra. Mon seul souvenir de jeune cinéphile était Ovidie avec son premier film Orgie en noir  réalisé en 2000. Nouveau millénaire pour de nouvelles règles. L'industrie du X s'est souvent construite par l'intermédiaire de regards masculins. Il est toujours salutaire de voir des femmes passer à la réalisation. Il faudra désormais compter sur l'actrice Katsuni qui réalise, produit par la société Marc Dorcel et elle-même, les castings de Katsuni

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 Armée de sa caméra, elle se balade un peu partout aux USA (Hawaï, Santa-Monica, Sacramento pour la première partie puis Los Angeles), pour découvrir de nouveaux talents, de nouveaux corps. Ce film n'est pas le premier coup d'essai de Katsuni puisque nous avions déjà eu le droit en 2008 à une première scène réalisée avec Melissa Lauren puis le grand saut avec Katsuni, My Fucking Life tourné aux USA ainsi que les deux volets de Porn Valley. Pour cette nouvelle analyse, nous allons changer notre manière de fonctionner. En effet, le film dure 3h26 et comporte plusieurs séquences. Ce qui va nous intéresser c'est l'usage que peut faire la réalisatrice de l'outil caméra et comment elle envisage le corps dans un ensemble global qu'est le champ. 

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 Le film débute par un remix de tout ce que nous verrons durant les trois prochaines heures. Ce principe de montage est régulièrement utilisé, notamment par Jean-Luc Godard dernièrement qui nous offrait une bande-annonce de son film en entier grâce à l’accéléré. Katsuni ou quand JLG rencontre l’industrie du X. Au départ, nous pourrions penser que le film se construirait par le prisme de l'unique caméra de Katsuni. Or, un second caméraman assiste la jeune réalisatrice dans son périple. Cela nous permet d'avoir au montage des séquences en split-screen.

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Multiplications des angles, multiplications des corps et de son environnement. A travers ce procédé, Katsuni parvient à annuler toutes les barrières qui pourraient se dresser entre le spectateur et le média X. La réalisatrice ne bascule pas totalement dans le P.O.V ni dans le film dit à scénario. Les deux mises en scène s'annulent pour ne former au final qu'une seule et même image. Lors des scènes, elle n’hésite pas à franchir la barrière de la caméra et à intervenir au milieu de l’action. De réalisatrice et spectatrice, elle devient actrice, moteur d’un temps qu’elle continue de maîtriser. Elle intervient en tant qu’initiatrice et forme littéralement ses nouveaux talents.

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Au fur et à mesure, le film de Katsuni devient une sorte de guide de tournage. Elle interviewe les acteurs avant leur scène et même après. Elle ne laisse filtrer absolument aucune fuite du corps. Le champ et le hors-champ n’existent plus. Elle emmène tout ce joyeux petit monde dans une dimension autre où le corps est pure matière. Le film de Katsuni est une œuvre ouverte. A travers ce choix de mise en scène et de montage, elle nous offre le corps à travers différents angles. Ce phénomène nous permet ainsi d’appréhender ce dernier de plusieurs manières et donc de pouvoir le ré-envisager dans un contexte différent à chaque fois. La force du film réside dans son côté home-movie et son côté professionnel. D’un côté, elle maîtrise les moindres éléments et d’un autre, elle laisse le réel, la vie s’immiscer dans son cadre. Par exemple, lors d’une séquence, le téléphone sonne dans la maison. Alors que dans la majeure partie des films, la scène aurait été coupée, ici le téléphone devient objet de mise en scène et s’inscrit donc dans le processus de narration.

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Katsuni déroge une seule et unique fois à son principe de réalisatrice/actrice le temps d’une séquence. Elle laisse sa caméra de côté pour devenir intégralement actrice et donc corps participatif. Le film est également une réflexion sur le métier en général. De chaque scène ressort une véritable essence, vérité. Un acteur qui n’arrive pas à éjaculer, une actrice qui se dit prête à franchir le pas. Katsuni adopte les réflexes d’une véritable documentariste. Elle abat toutes les frontières, le champ, le hors-champ. Elle a cette faculté à rendre le réel comme une substance non saisissable et pourtant bel et bien présente.

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Les castings de Katsuni est une œuvre importante de ces dix dernières années. Elle crie haut et fort que le corps n’est pas seulement une matière que l’on exploite sans forcément aller plus loin. Son film est une véritable fresque, une ode à cette industrie trop souvent décriée. Katsuni prouve qu’elle a parfaitement compris son environnement et son temps. Elle s’inscrit dans cette veine de réalisatrices qui saisissent l’univers d’un trait d’un seul uniquement en posant leur caméra.

 

Chapeau bas madame !

 

Note : XXXXX

 

Le film est disponible sur la plate-forme VOD DorcelVision pour 9,99€ pour une location de 3h ou pour 24,99€ pour un téléchargement définitif. 

 

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Publié dans Hot & Co

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